Alors que la Chine éprouve des difficultés, les autres marchés émergents brillent
Auteur :
Le 16 août 2023
Lorsque la Chine a finalement (et soudainement) abandonné sa politique draconienne contre la COVID-19 en novembre dernier, les investisseurs s’attendaient à juste titre à ce que la deuxième économie mondiale revienne en force. Stimulé par l’optimisme entourant la fin des blocages et des mises en quarantaine, l’indice MSCI Chine a bondi de 60 % pendant le trimestre suivant par rapport à ses creux de la période pandémique, selon les données de Bloomberg. Depuis, cette effervescence s’est cependant essoufflée. Au deuxième trimestre, la croissance du PIB a été décevante, ce qui expose la Chine au risque de rater sa cible déjà modeste de 5 % pour 2023. En outre, les actions chinoises ont fait du surplace, l’indice MSCI Chine clôturant juillet en hausse de seulement 4,7 % sur l’année.
La Chine a affiché cette performance banale alors même que les autres marchés émergents ont largement surpassé les attentes face à une inflation élevée et au resserrement des conditions monétaires à l’échelle mondiale. L’indice MSCI Marchés émergents (qui comprend la Chine) a progressé de 11,4 % à la fin de juillet. Si l’on exclut la Chine, les résultats sont encore plus impressionnants : l’indice MSCI Marchés émergents hors Chine a bondi de 14,6 %.
Une stratégie de marchés émergents hors Chine pourrait-elle continuer de produire des rendements aussi asymétriques? Nous croyons que c’est possible, du moins à court et à moyen termes.
Lors de la réouverture de la Chine l’an dernier, les investisseurs ont peut-être sous-estimé les profondes cicatrices laissées par la politique zéro COVID-19. Des mois plus tard, les difficultés liées à la pandémie sont encore présentes dans la mémoire des gens. Pratiquement du jour au lendemain, le virus qui avait été qualifié de mortel – si mortel qu’ils avaient dû rester chez eux pendant des semaines pour sauver leurs vies – s’est transformé (du moins dans les décrets de Beijing) en un virus à peine plus inquiétant qu’un rhume ou une grippe.
Mais l’héritage de trois années de contrôle rigoureux de la pandémie n’est pas aussi facilement effacé par le « novlangue » gouvernemental. Les données publiées à la mi-juillet par le Bureau national des statistiques de la Chine montrent que le PIB n’a progressé que de 0,8 % par rapport au trimestre précédent, contre 2,2 % pour le premier trimestre de l’année.
La hausse prévue de la consommation intérieure ne s’est pas matérialisée après la pandémie. Les consommateurs chinois sont peut-être riches en liquidités, mais ils n’ont pas la confiance nécessaire pour les dépenser. Les ventes au détail ont été inférieures aux attentes du marché, en affichant une croissance de 3,1 % sur 12 mois en juin, contre 12,7 % en mai, selon Bloomberg. L’inflation est devenue négative en juillet, l’indice des prix à la consommation (IPC) ayant reculé de 0,3 %, ce qui fait craindre une spirale déflationniste.
Par ailleurs, la confiance que les consommateurs avaient depuis des décennies selon laquelle l’immobilier est une source fiable de richesse est remise en question. D’après le Peterson Institute for International Economics, l’immobilier est une part importante de l’économie chinoise, puisqu’il représente plus des deux tiers des actifs des ménages et de 25 % à 30 % du PIB. Mais le secteur est faible : les placements ont reculé de 7,9 % sur 12 mois au premier semestre. Où vont les liquidités? Dans des refuges comme les dépôts, qui ont augmenté de 30 % depuis 2019, selon Morgan Stanley.
Le secteur des obligations de sociétés manque aussi de confiance, pas seulement à cause des répercussions de la politique contre la COVID-19, mais aussi en raison des mesures réglementaires de répression du secteur privé ces dernières années. En juillet, l’indice des prix à la production a reculé de 4,4 %, soit le dixième mois consécutif de baisse des prix payés pour les biens et services
Il y a quelques bonnes nouvelles possibles. Les autorités chinoises ont dit tout ce qu’il fallait pour montrer qu’elles soutenaient le secteur privé, ce qui donne à penser que des mesures de relance pour les petites et moyennes entreprises (PME) et pour la consommation sont imminentes. Malgré des signes inquiétants à l’horizon, la croissance du PIB devrait encore surpasser celle des États-Unis ou d’autres pays développés. Comme l’indice MSCI Chine est en baisse (de 5,1 % au premier semestre), les investisseurs pourraient considérer les actions chinoises comme une occasion d’achat à long terme.
Cependant, la voie de la reprise en Chine est loin d’être assurée. Même si les mesures de relance gouvernementales s’en viennent, il faudra du temps pour qu’elles aient une incidence importante. La confiance des consommateurs et des entreprises reste une inconnue. Par ailleurs, les tensions avec les États-Unis continueront probablement de freiner la croissance, comme nous le laissent croire les récentes interdictions de l’administration Biden à l’égard des placements américains dans certains secteurs avancés de la Chine.
À mesure que la situation en Chine se développe – et qui sait combien de temps cela prendra –, les investisseurs pourraient se tourner vers d’autres marchés émergents pour obtenir des rendements à court et à moyen terme. Parmi ces marchés, mentionnons Taïwan et la Corée du Sud, qui ont profité de la même frénésie liée à l’intelligence artificielle (IA) que celle qui s’est emparée des marchés américains. Au premier semestre de 2023, selon Bloomberg, l’indice MSCI Taïwan et l’indice MSCI Corée ont respectivement progressé de 19,1 % et de 15,8 % en dollars américains.
Les économies européennes en développement sont souvent négligées parmi les marchés émergents, mais nous croyons qu’elles ne devraient pas l’être, compte tenu de leur récente performance. C’est particulièrement vrai pour les marchés d’Europe centrale et orientale, comme la Pologne et la Hongrie. On pourrait penser que l’inflation à deux chiffres en Europe et la proximité de la région avec la guerre en Ukraine l’auraient plongée dans une profonde récession. Les actions polonaises et hongroises se sont au contraire très bien comportées, progressant respectivement de 23 % et de 28 % au premier semestre, stimulées par la baisse de l’inflation, des taux d’intérêt et des prix de l’énergie, ainsi que par des valorisations relativement bon marché.
Par ailleurs, la Grèce semble être l’un des marchés émergents affichant la croissance structurelle la plus durable, les données macroéconomiques et les bénéfices étant très positifs. Après l’élection d’un gouvernement favorable aux entreprises en juin, les actions grecques ont clôturé la première moitié de l’année en hausse de 44 %.
Enfin, le Mexique est l’un des marchés boursiers des marchés émergents les plus performants depuis le début de 2023, en hausse de 32,9 % sur l’année jusqu’à la fin de juillet. Ce résultat découle en partie de l’appréciation du peso, mais celle-ci n’explique pas tout. La croissance des bénéfices est robuste et le risque politique s’est dissipé, tandis que les investisseurs mondiaux se préparent au potentiel de hausse que les actions mexicaines pourraient réaliser grâce à la délocalisation à proximité.
Le « rebond » décevant de la Chine a nui aux rendements globaux des marchés émergents cette année, ce qui n’est guère surprenant, puisque les sociétés chinoises représentent environ la moitié de l’indice MSCI Marchés émergents. Mais, aucune loi n’impose aux investisseurs d’inclure la Chine dans leurs placements dans les marchés émergents. Depuis le début de l’année, les marchés émergents hors Chine ont enregistré des rendements beaucoup plus robustes, et nous ne voyons aucune raison pour que cela ne se poursuive pas pendant un certain temps.
Bien entendu, de nombreux investisseurs des marchés émergents entrevoient toujours un potentiel de hausse substantiel à long terme dans la prochaine plus grande économie mondiale. Nous aussi. Mais compte tenu du solide rendement et du potentiel des autres marchés émergents à l’heure actuelle, pourquoi attendre que la Chine redresse enfin la situation?
Les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et ne représentent pas nécessairement les opinions d’AGF, de ses filiales ou de toute autre société apparentée ou affiliée, et ne peuvent être associés à aucun fonds ni à aucune stratégie d’investissement.
Sauf indication contraire, les commentaires et données économiques sont tirés de Bloomberg, de Reuters et des rapports de sociétés. Les commentaires contenus aux présentes sont fournis à titre de renseignement d’ordre général et sont fondés sur l’information disponible au 10 août 2023; ils ne devraient pas être considérés comme des conseils exhaustifs en matière de placement applicables à la situation d’une personne en particulier. Nous avons pris les mesures nécessaires pour nous assurer de l’exactitude de ces commentaires au moment de leur publication, mais cette exactitude n’est pas garantie. Les conditions du marché peuvent changer, et Placements AGF n’accepte aucune responsabilité pour des décisions de placement prises par des individus et découlant de l’utilisation ou sur la foi des renseignements contenus dans le présent document.
Le présent document peut contenir des renseignements prospectifs qui reflètent nos attentes ou nos prévisions actuelles d’événements futurs. Les renseignements prospectifs sont intrinsèquement assujettis, entre autres, aux risques, aux incertitudes et aux hypothèses qui pourraient faire en sorte que les résultats réels diffèrent sensiblement de ceux qui sont exprimés dans le présent document.
Placements AGF est un groupe de filiales en propriété exclusive de La Société de Gestion AGF Limitée, un émetteur assujetti au Canada. Les filiales de Placements AGF sont Placements AGF Inc. (« PAGFI »), AGF Investments America Inc. (« AGFA »), AGF Investments LLC (« AGFUS ») et AGF International Advisors Company Limited (« AGFIA »). AGFA et AGFUS sont inscrites aux États-Unis à titre de conseillers. PAGFI est inscrite à titre de gestionnaire de portefeuille auprès des commissions de valeurs mobilières à travers le Canada. AGFIA est réglementée par la Central Bank of Ireland et est inscrite auprès de l’Australian Securities & Investments Commission. Les filiales faisant partie de Placements AGF gèrent plusieurs mandats comprenant des actions, des titres à revenu fixe et des éléments d’actif équilibrés.
MD Le logo « AGF » est une marque déposée de La Société de Gestion AGF Limitée et est utilisé aux termes de licences.
Au sujet de La Société de Gestion AGF Limitée
Fondée en 1957, La Société de Gestion AGF Limitée (AGF) est une société indépendante de gestion de placements diversifiés à l’échelle mondiale. Nos sociétés offrent l’excellence en investissant sur les marchés publics et privés, dans le cadre de trois secteurs d’activités : Placements AGF, Partenaires Capital AGF et Patrimoine Privé AGF.
AGF apporte de la discipline selon une approche visant à incorporer des pratiques d’entreprise saines, responsables et durables. Le savoir-faire collectif d’AGF en matière de placement, qui repose sur ses compétences axées sur des activités fondamentales et quantitatives, de même que sur l’investissement privé, se transmet à l’échelle mondiale à une vaste clientèle, depuis les conseillers financiers et leurs clients, jusqu’aux particuliers bien nantis et aux investisseurs institutionnels comprenant des caisses de retraite, des programmes d’entreprise, des fonds souverains, des fonds de dotation et des fondations.
AGF, dont le siège social est situé à Toronto (Canada), a des bureaux et des équipes de service de l’exploitation et de service à la clientèle sur place en Amérique du Nord et en Europe. AGF offre ses produits et services à plus de 800 000 investisseurs. AGF est inscrite à la Bourse de Toronto sous le symbole « AGF.B ».
Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter AGF.com.
Ⓒ 2024 La Société de Gestion AGF Limitée. Tous droits réservés.