Pourquoi le marché baissier est-il de retour?
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Le 20 septembre 2022
Kevin McCreadie, chef de la direction et chef des investissements à AGF, fait le point sur la dernière débâcle des marchés et envisage la possibilité que les banques centrales durcissent davantage leurs mesures de lutte contre l’inflation, au cours des prochains mois.
Pourquoi les marchés boursiers chutent-ils à nouveau?
La raison est pourtant simple : les marchés se sont redressés plus tôt cet été, pensant que l’inflation avait atteint son paroxysme et que les banques centrales n’avaient donc plus besoin de relever radicalement leurs taux. Cette impression a toutefois été définitivement écartée le mois dernier, tout d’abord par les banques centrales elles-mêmes (qui n’ont cessé de répéter aux investisseurs que la lutte contre la hausse des prix n’était pas terminée), mais aussi et surtout la semaine dernière, lorsque les données du mois d’août sur l’inflation aux États-Unis, supérieures aux prévisions, ont été publiées.
En réalité, la question est maintenant de savoir si la Réserve fédérale américaine (la Fed) et les autres organismes monétaires devraient, plutôt que desserrer la vis, durcir davantage leurs mesures d’intervention. En effet, de récentes estimations montrent que le taux final de la Fed (à savoir le taux à partir duquel la Fed entamera un nouveau cycle de baisses) est passé d’environ 3,7 % à près de 4,5 %, il y a à peine un mois. Les investisseurs peuvent donc s’attendre à ce que les taux d’intérêt aux États-Unis gonflent encore de 200 points de base, par rapport aux niveaux actuels.
Pourtant, la simple ampleur de la hausse n’est peut-être pas le plus inquiétant, pour les investisseurs. Par exemple, si les taux atteignaient les 4,5 % d’ici quelques années, les consommateurs auraient le temps de revoir progressivement leurs habitudes de consommation, sans que cela ne freine nécessairement toute l’activité économique. La situation serait cependant toute autre, si la Fed décidait d’accélérer son rythme de hausses pour parvenir à un taux final en l’espace de quelques mois seulement. Les remboursements d’hypothèques et d’emprunts coûteraient alors automatiquement beaucoup plus cher et les consommateurs seraient presque contraints de faire des choix et de réduire l’ensemble de leurs dépenses.
On comprend donc pourquoi les investisseurs devraient davantage se soucier de la cadence des hausses des taux à venir, plutôt que de l’ampleur du phénomène, d’autant que nous ignorons encore l’effet qu’auront les hausses déjà annoncées par la Fed cette année sur l’économie américaine. Cette incertitude s’explique en grande partie par le décalage que l’on observe souvent entre le moment où les hausses de taux sont annoncées et celui où leur incidence sur la croissance économique commence à transparaître dans les données. Prenons l’exemple du marché du travail : bien qu’il paraisse plus solide que jamais, avec un taux de chômage situé actuellement à 3,7 %, un autre tableau commence à se dessiner, tout particulièrement dans les secteurs sensibles aux conditions économiques, notamment celui de la construction qui subit aujourd’hui des pertes d’emplois croissantes.
Dans l’ensemble, les investisseurs sont aujourd’hui confrontés à un environnement macroéconomique bien différent de celui qu’ils pensaient ou espéraient connaître, à peine quelques semaines plus tôt. Soyons toutefois clairs sur un point : il ne s’agit en aucun cas d’un problème purement américain. La même conjoncture est présente dans plusieurs autres pays et régions du globe, y compris en Europe, qui se trouve peut-être dans la situation la plus délicate de tous. En effet, la Banque centrale européenne (BCE) est non seulement contrainte de relever ses taux à une allure effrénée afin de combattre l’inflation, laquelle atteint des niveaux parmi les plus élevés au monde, mais elle doit également prendre ces mesures alors que l’économie de la région se trouve peut-être déjà en récession et qu’elle pourrait s’affaisser davantage cet hiver, compte tenu de la guerre qui fait rage en Ukraine et de l’envolée des prix du gaz naturel.
À quoi les investisseurs devraient-ils s’attendre, au cours des prochaines semaines?
Il va sans dire, j’en suis sûr, que les marchés resteront certainement en proie à une forte volatilité jusqu’à la fin de l’année. On ne peut par ailleurs exclure la possibilité d’un autre repli par rapport aux niveaux actuels, ni même celle d’une remontée conséquente, si les données se rétablissent au cours des prochains mois.
Paradoxalement, les mauvaises nouvelles économiques (faible croissance, hausse du taux de chômage) pourraient s’avérer favorables aux actions, si elles contraignent la Fed et d’autres banques centrales à repenser leur positionnement actuel et à ralentir sensiblement le rythme des hausses de taux, voire à y mettre un terme.
Certes, il faudrait pour cela que la situation s’améliore sur le plan de l’inflation, car en effet, le pire des scénarios pour les marchés consisterait à voir l’inflation persister, tandis que la croissance économique ralentit considérablement.
Dans tous les cas, il semble peu probable que les banques centrales abandonnent incessamment les hausses de taux. Elles auront certainement besoin de quelques mois de plus pour collecter des données, avant de déterminer la date de leur prochain cycle de baisses. Les investisseurs ont donc intérêt à rester prudents à court terme et à se tenir prêts à composer avec l’agitation qui ébranle les marchés jusqu’ici.
Kevin McCreadie est chef de la direction et chef des investissements de La Société de Gestion AGF Limitée. Il collabore régulièrement à Perspectives AGF.
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