La Réserve fédérale américaine et le marché
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Le 22 février 2023
Le chef de la direction et chef des investissements d’AGF explique la relation actuelle entre les investisseurs et les banques centrales et l’incidence que la situation pourrait avoir sur les rendements boursiers.
Comment les marchés se sont-ils comportés pendant les six premières semaines de l’année?
La dynamique la plus importante en ce début d’année est le décalage entre les investisseurs et la Réserve fédérale américaine (Fed). Les marchés boursiers se sont initialement redressés en grande partie parce que les investisseurs croyaient que le cycle de resserrement de la Fed était pratiquement terminé et que des baisses de taux d’intérêt étaient inévitables plus tard dans l’année. Cette opinion était appuyée par l’affaiblissement des données économiques, dont la contraction des indices des directeurs d’achats, qui donnaient à penser que de nouvelles hausses de taux pourraient entraîner une récession, ainsi que par la baisse constante de l’inflation au cours des derniers mois; celle-ci semble maintenant maîtrisée.
Ce décalage est maintenant moins marqué. Au cours des dernières semaines, les investisseurs ont commencé à comprendre que les baisses de taux ne se produiront que dans quelques trimestres, voire plus tard, et c’est précisément ce que la Fed tentait de communiquer. Certes, les commentaires du président de la Fed, Jerome Powell, ont été plus conciliants dernièrement qu’ils ne l’ont été tout au long de 2022, mais il a continué malgré tout de réitérer l’idée qu’il faut encore augmenter les taux pour ramener l’inflation près de la cible de 2 % de la banque centrale.
Qu’est-ce qui a changé du point de vue des investisseurs? Plus précisément, il semble que ces derniers soient maintenant d’accord avec la position de la Fed selon laquelle l’inflation reste obstinément élevée du côté des services dans l’économie, ce qui contraste fortement avec le côté des biens, qui a subi une importante déflation au cours des derniers mois.
Qui plus est, les investisseurs ont tenu compte d’un autre rapport très solide sur l’emploi pour janvier et de l’amélioration des données économiques – y compris les plus récentes données sur les ventes au détail aux États-Unis – pour finalement arriver à la conclusion que la Fed est encouragée par ces données à continuer de relever les taux jusqu’à tard ce printemps, voire jusqu’au début de l’été.
En fait, cette même idée – dans une bien moindre mesure – fait aussi actuellement l’objet de discussions au sein de la Banque du Canada (BdC). La BdC a explicitement annoncé une suspension des prochains changements de taux. Cependant, de nombreux analystes considèrent que la vigueur de l’emploi au pays en janvier pourrait faire en sorte que la banque centrale du Canada change d’idée et continue de relever les taux dans le but de réduire l’inflation, sans trop craindre que ses mesures ne causent de graves difficultés économiques.
Bien entendu, toutes ces questions ont entraîné une volatilité accrue sur les marchés au cours des dernières semaines. Et cela devrait se poursuivre aussi longtemps qu’il y aura un débat sur le moment où la Fed (et d’autres banques centrales) délaissera les hausses de taux pour entreprendre des réductions de taux dans l’avenir.
Quel effet la reprise des marchés depuis le début de l’année aura-t-elle sur les décisions de la Fed dans les prochaines semaines?
La plupart des investisseurs comprennent comment la Fed ou d’autres banques centrales peuvent influencer le marché, mais on ne saisit pas toujours quelle incidence le marché peut avoir sur les décisions de la Fed. Dans le contexte actuel, par exemple, la hausse des marchés boursiers a naturellement un effet de richesse susceptible de stimuler l’économie et l’inflation. Par conséquent, la Fed pourrait considérer la remontée des actions comme une raison supplémentaire de continuer à relever les taux plutôt que de les réduire.
En d’autres termes, un cercle vicieux est en place en ce moment : les cours boursiers sont en hausse, parce que les investisseurs croient que la Fed assouplira sa politique monétaire. Pourtant, c’est en partie parce que les cours boursiers augmentent que la Fed pourrait finir par poursuivre son resserrement plus longtemps que prévu.
Le marché obligataire, quant à lui, complique encore plus les choses. Prenons l’exemple du taux des obligations du Trésor américain à 10 ans, qui a augmenté au cours des dernières semaines en raison de l’amélioration des données économiques, mais qui est encore bien en deçà de ses sommets du début de l’automne. Ces mesures visaient à assouplir les conditions financières pour l’achat d’articles coûteux, comme une maison ou une nouvelle voiture, ce qui contribue à contrebalancer le risque économique d’autres hausses de taux par la Fed.
En fin de compte, il est difficile de croire en une voie directe vers la réduction des taux plus tard cette année. Cela ne signifie pas qu’elle ne se produira pas, mais les investisseurs doivent se préparer à un scénario dans lequel la Fed (et d’autres banques centrales) assouplira sa politique monétaire à un rythme beaucoup plus lent que prévu.
Quels autres points les investisseurs devraient-ils surveiller au-delà de la politique monétaire?
Il est difficile pour quiconque – et encore plus pour les investisseurs – d’ignorer la nouvelle selon laquelle un « ballon-espion » chinois aurait été abattu par les forces américaines plus tôt ce mois-ci. Même si les dirigeants minimisent maintenant l’incident, les relations entre les États-Unis et la Chine sont de nouveau tendues, et les marchés devront surveiller cette situation à mesure que l’année avancera, surtout compte tenu de l’incidence qu’elle pourrait avoir sur les échanges commerciaux entre les deux pays.
Mais de tous les risques géopolitiques potentiels à considérer, c’est la guerre en Ukraine qui reste le plus pressant. Comme nous l’avons vu lors du dernier épisode de baladodiffusion Inside Perspectives, la principale préoccupation est la façon dont la guerre progresse maintenant que l’OTAN a intensifié son intervention – du moins en ce qui concerne l’augmentation de l’approvisionnement de l’Ukraine en équipement et en armement, pour combattre l’assaut de la Russie. Les investisseurs ont peut-être d’autres préoccupations, mais une intensification du conflit pourrait entraîner encore plus de volatilité.
Enfin, les investisseurs doivent se méfier du plafond de la dette américaine et de la possibilité d’un défaut de paiement. Même si nous semblons nous répéter, le débat habituel à ce propos pourrait être plus dangereux, car les deux partis à Washington s’intéressent à la question. Encore une fois, il se peut que les marchés n’en tiennent pas encore pleinement compte.
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