
De la pandémie aux manifestations
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Le 8 juin 2020
Il en faut beaucoup pour modifier le cycle médiatique, en période de pandémie. Toutefois, l’ampleur des manifestations contre la brutalité policière et l’injustice raciale de même que la dégradation des relations entre la Chine et les États-Unis ont réussi à faire passer le coronavirus (COVID-19) au second plan. Ces événements ont des répercussions sociales, politiques et financières importantes. Kevin McCreadie, chef de la direction et chef des investissements à AGF, fait le point sur ces événements et sur leurs conséquences pour les investisseurs.
Cette année, la pandémie de COVID-19 est sans surprise la principale préoccupation des investisseurs. Combien de temps cette emprise peut-elle encore durer?
La pandémie continuera vraisemblablement d’occuper le devant de la scène jusqu’à ce que l’on trouve un vaccin ou que l’on approuve un traitement permettant de limiter la portée du virus. La COVID-19 va donc faire partie intégrante du monde des investissements pendant encore un long moment. Cela dit, le cycle médiatique commence à se renouveler : ces dernières semaines, d’autres événements ont fait les manchettes, avec bien évidemment les manifestations contre le racisme et l’injustice sociale qui sévissent aussi bien aux États-Unis qu’ailleurs dans le monde. Ce qui est tout à fait justifiable : il s’agit d’un tournant historique, qui requiert toute notre attention. Autrement, nous ne pourrions pas tirer les leçons essentielles pour faire progresser notre société.
Êtes-vous surpris par les réactions du marché à ces manifestations?
Oui et non. Les marchés boursiers ont poursuivi leur remontée après le meurtre de George Floyd, surtout parce qu’aucun événement majeur n’est venu perturber la réouverture de l’économie américaine et rien ne semble indiquer clairement une envolée des nouveaux cas de coronavirus due aux manifestations. Par ailleurs, les chiffres de l’emploi au mois de mai étaient étonnamment bons, ce qui a d’autant plus soutenu le rebond après le creux enregistré en mars. Toutefois, je pense que le marché surveille de près l’évolution des manifestations. On redoute notamment que celles-ci multiplient le nombre de cas et provoquent une deuxième vague d’épidémie, mais ce risque ne semble pas peser outre mesure sur les investisseurs. Si, d’ici quelques semaines, on n’observe pas de résurgence de la maladie, les conséquences sur le marché seront vraisemblablement positives. Par ailleurs, les investisseurs examinent de près les répercussions à long terme des manifestations, même s’il est difficile d’en quantifier les retombées, pour l’instant. Par exemple, quel sera l’impact de ces événements sur l’élection présidentielle américaine et sur les chances de réélection de Donald Trump? Le président des États-Unis a été critiqué de toutes parts pour sa gestion des manifestations, et la course à la Maison-Blanche revêtira une importance croissante aux yeux des investisseurs, au cours des prochaines semaines.
La dégradation des relations entre les États-Unis et la Chine a également refait surface. Quelles sont les conséquences sur le marché?
Cette histoire commence à s’inscrire dans la durée. Certaines journées de baisse enregistrées ces dernières semaines sont directement attribuables à cette nouvelle montée des tensions. Les relations entre les deux pays sont certes en berne depuis plusieurs années, mais la pandémie ne fait qu’aggraver la situation, et l’approche de l’élection américaine n’aide en rien. Donald Trump souhaite se montrer intraitable avec la Chine afin de plaire à son électorat de base; il semble fermement résolu à entrer de nouveau en conflit et à défaire ainsi tous les progrès qui avaient été accomplis lors de la signature, au début de l’année, de la première phase de la convention commerciale entre la Chine et les États-Unis. Parallèlement, M. Trump ne veut peut-être pas risquer de bouleverser l’économie ou les marchés en faisant éclater une autre guerre commerciale. Bien sûr, le gouvernement chinois joue également un rôle dans cette affaire : la position rigide de la Chine face aux critiques récurrentes formulées par de nombreux pays à travers le monde ne l’aide pas à se créer des alliés dans son opposition aux États-Unis et sa réaction pourrait finir par attiser davantage de colère.
Parlons de la reprise du marché. S’agit-il d’un événement à part entière qui nécessite qu’on y prête attention?
L’évolution du marché dépend des événements cités précédemment, mais il arrive parfois que son orientation devienne un sujet à part entière. Regardons toute l’attention médiatique qu’a suscitée la tendance haussière du marché au cours de la dernière décennie : on se demandait si les actions allaient pouvoir continuer de grimper. Les médias se concentraient principalement sur les évaluations et les analyses techniques, en faisant partiellement abstraction de l’environnement macroéconomique. Les investisseurs devraient donc garder un œil sur la reprise après le creux atteint en mars, sans toutefois exclure les événements qui se produisent en marge de cette remontée. Le marché montre un signe encourageant : son envergure est aujourd’hui bien plus importante qu’elle ne l’était au début du rebond, lorsque la quasi-totalité des gains était attribuable à une poignée de titres de croissance. Toutefois, cette envergure retrouvée, malgré les conséquences positives pour le marché, n’aurait pas grand intérêt si une nouvelle vague de cas de COVID-19 venait à déferler ou si les tensions venaient à s’accentuer entre la Chine et les États-Unis. Par ailleurs, les taux de chômage aux États-Unis et au Canada ont beau être moins importants que prévu, les chiffres restent particulièrement alarmants. Ils joueront bientôt un rôle central, dans la mesure où ils permettront d’évaluer si les mesures adoptées ont permis de relancer avec succès ou non l’économie mondiale.
Kevin McCreadie est chef de la direction et chef des investissements à La Société de Gestion AGF Limitée. Il contribue régulièrement à Perspectives AGF.
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