
D’un « miracle » économique à un essoufflement.
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Le 13 septembre 2019
India is the other Asian behemoth, home to more than a billion people, and one with a story of dazzling growth.
L’Inde est l’autre géant asiatique, qui compte plus d’un milliard d’habitants et qui a connu une croissance exceptionnelle.
En effet, l’histoire de ce « miracle » économique a émerveillé les investisseurs qui surpondéraient le pays depuis des années, faisant passer les rendements boursiers en territoire nettement positif au premier semestre de 2019, malgré le contexte de plus en plus difficile à l’échelle mondiale.
Seul problème? La situation a commencé à se détériorer, alors qu’une série de nouvelles économiques décevantes est publiée et que les données officielles sur le PIB du pays sont remises en question. Même si le gouvernement essaie de faire contrepoids au flux de mauvaises nouvelles en adoptant des mesures de relance, ce n’est vraisemblablement pas suffisant pour faire rebondir l’économie.
Les chiffres parlent…
Commençons par regarder les chiffres. Selon les données officielles du gouvernement, l’économie de l’Inde a progressé d’environ 7 % par année, de l’exercice 2011-2012 à la fin de l’exercice 2016-2017. Toutefois, ces données ont été dénoncées au printemps par d’anciens dirigeants économiques haut placés ayant indiqué que le taux de croissance réel de l’économie du pays avait été beaucoup plus faible. Bien que le gouvernement ait récemment admis que la croissance ralentissait, les nouvelles ont été encore plus sombres la semaine passée. Les données du premier trimestre pour la période se terminant en juin ont révélé que la croissance avait baissé à 5 %, en raison d’un repli généralisé des secteurs de l’agriculture, des biens industriels et des services, en plus d’une baisse de la consommation intérieure, selon Credit Suisse.
Les observateurs des marchés avaient déjà commencé à réviser leurs prévisions avant la publication des nouvelles de la semaine dernière. Pour sa part, Morgan Stanley a revu à la baisse ses prévisions pour l’exercice, invoquant notamment la faible demande intérieure et les tensions commerciales persistantes. Ses prévisions à l’égard de la croissance du PIB se sont établies à 6,3 %, en baisse par rapport à 6,5 %. Moody’s lui a emboîté le pas, abaissant ses prévisions de croissance du PIB indien à 6,2 % pour l’exercice en cours, contre 6,8 % auparavant. Il importe de noter que ces prévisions devront être révisées en fonction des données du premier trimestre.
Ces révisions ont été faites dans la foulée du ralentissement marqué des ventes de voitures imputable au resserrement des conditions de liquidités, qui a été initié par les banques d’État et les institutions bancaires non financières, lesquelles sont confrontées à la détérioration de la qualité du crédit et à l’augmentation des prêts non productifs. Plus tôt ce mois-ci, la Société des fabricants automobiles indiens a publié des données indiquant que les ventes des véhicules de voyageurs avaient baissé de 31 % en juillet; il s’agit du 9e mois consécutif de baisse et du pire repli mensuel en plus de 18 ans.
Le gouvernement a réagi au ralentissement de la croissance en réduisant son taux directeur à son plus bas niveau en neuf ans. Il s’agit de la quatrième baisse de taux opérée par la Banque de réserve de l’Inde (la Reserve Bank of India ou RBI) en un an, et elle a été plus importante que prévu, à 35 points de base. Par ailleurs, la semaine dernière, la RBI a accordé au gouvernement un montant record de 24,4 milliards de dollars américains, qui donnera aux autorités de nouveaux outils pour stimuler l’économie, y compris la possibilité d’accroître les dépenses afin de doper la croissance.
Problèmes structurels
Les facteurs géopolitiques pèsent sans aucun doute sur l’économie. Cependant, plusieurs problèmes structurels doivent être réglés pour que l’Inde revienne sur la bonne voie. À l’heure actuelle, la consommation intérieure anémique, le resserrement des conditions de liquidités et le faible cycle de dépenses en immobilisations nuisent tous à la croissance économique.
Vu la faible utilisation de la capacité industrielle, de nombreuses sociétés indiennes misent sur leur désendettement. Les craintes d’un ralentissement économique mondial les découragent aussi d’augmenter leurs dépenses en immobilisations à court terme. De plus, le pays est aux prises avec un déficit budgétaire et un déficit du compte courant, ce qui accroît les pressions exercées sur l’économie lorsque le dollar américain s’apprécie par rapport à la roupie.
Bien que le marché ait salué la réélection sans équivoque du premier ministre Narendra Modi au printemps, ce dernier ne dispose pas du même nombre d’instruments que ses pairs dans une économie gérée, comme la Chine, pour stimuler une économie qui tourne au ralenti.
En conclusion, les récentes mesures de relance ne seront sans doute pas suffisantes pour stimuler une économie qui ralentit encore plus que ce que les analystes avaient prévu, et les investisseurs devraient adopter une approche prudente.
Des occasions de placement
Pour le moment, nous croyons que les investisseurs qui sont intéressés par l’Inde devraient privilégier les sociétés ayant une exposition à l’extérieur du pays. Ces sociétés profitent également de la faiblesse de la roupie, qui rend leurs exportations et leurs services beaucoup plus concurrentiels.
Regina Chi est vice-présidente et gestionnaire de portefeuille chez Placements AGF Inc. Elle contribue régulièrement à Perspectives AGF.
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