
D’une conjoncture favorable à une situation plus difficile
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Le 22 mars 2019
Les titres de créance des marchés émergents et les obligations à rendement élevé ont connu un excellent début d’année, mais la conjoncture favorable ayant mené à la reprise des deux catégories de titres à revenu fixe pourrait se détériorer et il pourrait être plus difficile de générer des gains au cours des prochains mois.
L’évolution de la situation dépendra de plus en plus de l’économie mondiale. Au cours des derniers mois, les investisseurs dans les segments plus risqués du marché obligataire ont fortement banalisé le fait que les données économiques avaient fléchi à l’échelle mondiale, et ont préféré porter leur attention sur la décision de la Réserve fédérale américaine (la Fed) de ne pas relever les taux d’intérêt, du moins pour l’instant.
Cela semble logique, car une pause prolongée de la part de la Fed pourrait être particulièrement bénéfique pour les obligations à rendement plus élevé, dont l’avantage concurrentiel a été lentement miné par le cycle de hausses de la banque centrale et l’augmentation subséquente des taux des obligations d’État. Par ailleurs, dans le cas des titres de créance des marchés émergents, la stabilité prolongée des taux pourrait présenter un avantage supplémentaire, celui d’entraîner une dépréciation du dollar américain, dont la vigueur a surtout nui aux pays en développement qui affichent un déficit du compte courant.
Cependant, tous ces facteurs ont été largement pris en compte et des craintes à l’égard des répercussions d’un ralentissement économique plus marqué devraient commencer à apparaître. Les actifs risqués devraient alors gagner en vulnérabilité, peu importe la trajectoire de la croissance mondiale. Par exemple, les titres de créance des marchés émergents et les obligations à rendement élevé pourraient se replier si la conjoncture économique continue de vaciller, mais une amélioration de l’économie pourrait quant à elle relancer le cycle de hausses de la Fed et annuler la récente progression de la majeure partie ou de l’ensemble du marché des titres à revenu fixe.
« Même si l’exposition aux obligations à rendement élevé et aux titres de créance des marchés émergents demeure essentielle, les tests de résistance des portefeuilles s’avèrent de plus en plus nécessaires pour vérifier que ceux-ci ne sont pas trop concentrés dans l’une des catégories de titres à revenu fixe. »
Il va sans dire que les investisseurs se trouvent dans une position délicate. Étant donné les faibles taux de défaillance et l’absence de dépassements excessifs sur le marché des titres de créance à l’heure actuelle, la question se pose de savoir à quel point les investisseurs devraient adopter une attitude défensive, sans pour autant renoncer totalement à l’occasion de générer un taux de rendement plus élevé.
Même si l’exposition aux obligations à rendement élevé et aux titres de créance des marchés émergents demeure essentielle, les tests de résistance des portefeuilles s’avèrent de plus en plus nécessaires pour vérifier que ceux-ci ne sont pas trop concentrés dans l’une des catégories de titres à revenu fixe. Une révision des positions pourrait être requise dans les catégories à rendement plus élevé, tout comme l’intégration de certaines obligations d’État à faible rendement, qui peuvent offrir une protection considérable dans ce type de contexte d’incertitude. Les investisseurs devraient également tirer parti de cet environnement de crédit favorable pour réduire leur exposition aux titres cycliques qui peuvent être plus sensibles à une faiblesse économique soutenue.
Il pourrait également être prudent de réduire légèrement la duration des titres de créance et de prolonger un peu la duration des taux, tout en limitant l’exposition aux marchés émergents à ceux dont les paramètres fondamentaux sont de meilleure qualité ou pourraient s’améliorer. Il s’agit notamment des pays qui présentent un faible risque de refinancement, une amélioration de la croissance intérieure ou un important programme de réforme, ou qui bénéficient d’un soutien et d’un financement du Fonds monétaire international (FMI). Par exemple, l’Équateur, l’Ukraine et l’Argentine présentent tous un taux de rendement élevé et ont mis sur pied un type de programme lié au FMI. Ainsi, une faible position dans leurs titres de créance à très court terme peut offrir un rendement supplémentaire ainsi qu’un profil de risque plus favorable.
En fait, les investisseurs en titres à revenu fixe devront adopter une approche un peu plus souple que celle nécessaire au début de l’année. Même si la récente conjoncture favorable a permis aux segments à rendement élevé du marché de progresser, ce qui nous attend nécessitera davantage de précaution.
Tristan Sones est vice-président et gestionnaire de portefeuille à Placements AGF Inc. Il collabore régulièrement à Perspectives AGF.
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