Guide de l’investisseur sur les médicaments GLP-1 : matière à réflexion
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Le 30 juillet 2024
Dans cette troisième partie d’une série d’articles qui en compte quatre, l’analyste Abhishek Ashok se penche sur les effets possibles des médicaments GLP-1 sur l’industrie alimentaire.
Si les médicaments agonistes du récepteur du GLP-1 (glucagon-like peptide-1), ou médicaments GLP-1, suscitent autant d’attention dans les médias et parmi les investisseurs, c’est qu’ils semblent capables de traiter un grand nombre de conditions. C’est certes le cas d’autres médicaments sur ordonnance, mais les médicaments GLP-1 ont ceci de particulier qu’ils ciblent des pathologies devenues endémiques et indissociables de notre mode de vie moderne (au moins en Occident). L’obésité et ses corollaires, comme les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2, préoccupent de plus en plus les pouvoirs publics, les compagnies d’assurance, les professionnels de la santé et le grand public. Les médicaments GLP-1 peuvent aider à traiter toutes ces conditions, sans parler de la dépendance à la nicotine et à l’alcool; rien d’étonnant, dans ces conditions, qu’on parle dans certains milieux de « remèdes miracles ».
Le taux d’adoption des médicaments GLP-1 dépendra d’un certain nombre de facteurs, dont leur prix et leur accessibilité. Mais une chose est sûre : si le nombre d’utilisateurs continue d’augmenter, le secteur pharmaceutique sera loin d’être le seul à en ressentir les effets. Et, clairement, s’il est un secteur où ces conséquences risquent d’être particulièrement marquées, c’est celui de l’alimentation et des boissons.
Alimentation et boissons
Le calcul est simple : parce que les patients qui utilisent des médicaments GLP-1 pour traiter leur obésité consomment moins, les fabricants d’aliments et de boissons seront forcément touchés. Tout n’est toutefois peut-être pas si simple. Selon nous, l’impact des médicaments GLP-1 sur le secteur de l’alimentation et des boissons sera en fait résolument mitigé.
Certains pans du secteur risquent certes de rencontrer certaines difficultés. Parmi les patients qui ont recours à des médicaments GLP-1, beaucoup indiquent être moins attirés par les aliments riches en calories et transformés, comme les aliments salés, gras et sucrés. On peut donc s’attendre à ce que la consommation d’aliments surgelés emballés et transformés, de collations salées et sucrées et de boissons sucrées diminue; il reste toutefois à voir dans quelle mesure. L’utilisation de médicaments GLP-1 risque de la même manière de se traduire par une baisse de la consommation d’alcool et de tabac.
Les données à notre disposition suggèrent en revanche que les patients qui utilisent des médicaments GLP-1 ont tendance à privilégier certains types d’aliments (comme les produits frais, les produits laitiers plus nutritifs et l’eau), dont les ventes pourraient en conséquence augmenter. Quand leur apport calorique diminue, les utilisateurs de médicaments GLP-1 doivent en effet s’assurer de consommer tous les nutriments dont ils ont besoin. Un recours accru à ce type de médicaments pourrait donc profiter aux produits riches en protéines, aux vitamines, aux minéraux et aux compléments alimentaires.
Diversification mondiale
Il ne faut pas pour autant exagérer l’impact des médicaments GLP-1 sur la consommation alimentaire totale. Selon une recherche de Morgan Stanley, d’ici 2035, l’apport calorique global de la population américaine devrait diminuer de 1,5 % à 2,5 %, ce qui est certes beaucoup, mais reste selon nous gérable pour le secteur de l’alimentation et des boissons.
Deux éléments pourraient aider le secteur à atténuer l’effet de la baisse de la consommation alimentaire. Le premier est la diversification mondiale. Les taux d’obésité varient d’une région à l’autre. Si l’on fait exception d’une poignée de petits pays, c’est aux États-Unis que le taux d’obésité est le plus élevé au monde, et les pays développés présentent généralement des taux d’obésité supérieurs à ceux des pays en développement. Les médicaments GLP-1 resteront par ailleurs peu abordables et difficiles d’accès, même dans les pays en développement où l’obésité est relativement élevée (comme le Mexique). Les fabricants d’aliments et de boissons présents sur les marchés autres que les États-Unis et d’autres pays développés devraient donc être globalement moins touchés.
Innovation
Le deuxième élément susceptible d’atténuer les effets de la baisse de la consommation est l’innovation, à la fois en amont au sein de la « chaîne alimentaire », en misant sur la formulation d’huiles, de graisses et d’arômes, et en aval, en agissant sur l’emballage et l’étiquetage.
Le secteur de l’alimentation et des boissons est capable de réagir rapidement aux défis externes; il l’avait démontré il y a quelques années, lorsque certains pays avaient augmenté les taxes sur les produits sucrés. Il avait rapidement commercialisé des versions sans sucre des boissons les plus consommées (à forte teneur en sucre), sans en sacrifier la saveur, et ceci non seulement pour les colas, mais également pour les boissons au citron et à la lime, le soda au gingembre, la racinette, etc. Ces innovations permettent non seulement de conserver ou même d’élargir la clientèle, mais également d’améliorer les marges, puisque, si le prix au détail reste le même, les producteurs paient moins de droits d’accise sur les boissons sans sucre.
Face à la baisse de la demande de produits sucrés, salés et gras induite par l’utilisation des médicaments GLP-1, la réponse des producteurs devrait être tout aussi rapide et efficace. Les entreprises s’efforceront de réduire la teneur en matières grasses ou en sucre de leurs produits, sans compromis sur la durée de conservation, le goût et la « sensation en bouche », et ce, autant pour les bonbons et les produits de boulangerie que pour les boissons.
Cette recherche d’innovation pourrait favoriser les fournisseurs d’arômes et de produits chimiques. L’innovation dans le domaine des emballages et du ratio prix-quantité pourrait également profiter aux fabricants de matériaux en amont. Les emballages pourraient par exemple être modifiés pour mettre davantage en évidence la valeur ajoutée du produit ou pour réduire la taille des portions.
En aval, la plupart des distributeurs devraient à notre avis sortir gagnants puisque, ce qu’ils veulent avant tout, c’est faire du volume et offrir de la variété et des prix abordables à leurs clients. Les enseignes haut de gamme et de grande distribution devraient être bien placées du point de vue de l’abordabilité, puisque leur surface de rayonnage et leur chaîne logistique leur permettent d’offrir tout un éventail d’options santé et de saveurs. Ils disposent également de la taille et des capacités nécessaires pour cibler davantage leurs publicités et faire une utilisation plus efficace des données sur les clients. Les dépanneurs, les magasins à rabais et à un dollar risquent en revanche d’être davantage touchés, dans la mesure où ils ne peuvent pas offrir autant de choix ni de produits abordables.
En résumé, l’essor des médicaments GLP-1 devrait globalement favoriser le secteur de l’alimentation et des boissons dans son ensemble, à condition, bien sûr, qu’ils tiennent leurs promesses dans la lutte contre l’obésité. Cela reste à voir. Les prix et l’accessibilité restent des obstacles de taille, même dans les pays développés, et l’efficacité à long terme de ces médicaments n’est pas encore prouvée. Mais si les résultats sont à la hauteur des attentes, les médicaments GLP-1 ne seront pas synonymes de catastrophe pour l’industrie alimentaire, mais plutôt d’occasion.
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