
L’incertitude est la seule certitude sur les marchés financiers en ce moment
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Le 27 février 2025
Selon Kevin McCreadie, chef de la direction et chef des investissements de La Société de Gestion AGF Limitée, chaque effet potentiellement positif du programme politique de la nouvelle administration Trump sur l’économie mondiale et les marchés financiers semble s’accompagner d’un effet potentiellement négatif.
Les marchés boursiers mondiaux peuvent-ils encore progresser dans un climat géopolitique de plus en plus précaire?
Les marchés financiers ont affiché un rendement relativement solide depuis le début de l’année, principalement parce que la croissance des bénéfices des sociétés – et la croissance de l’économie en général – montre peu de signes de ralentissement malgré le contexte macroéconomique très volatil avec lequel les investisseurs doivent composer en ce moment. Cela est particulièrement vrai pour l’indice S&P 500 aux États-Unis, mais cela explique aussi, à des degrés divers, pourquoi l’indice MSCI Europe et l’indice composé S&P/TSX au Canada restent proches de leurs sommets historiques.
Les marchés peuvent-ils continuer de progresser malgré les inquiétudes? Tout va dépendre du programme politique de la nouvelle administration américaine, tel qu’il sera mis en œuvre au cours des quatre prochaines années. Si les aspects du programme favorables aux entreprises et à la croissance (c’est-à-dire les baisses d’impôts et la déréglementation) avaient initialement suscité l’enthousiasme des investisseurs, leur confiance dans la stratégie économique générale du président Trump a été de toute évidence ébranlée et un débat fait rage sur les conséquences que certaines politiques pourraient avoir sur la conjoncture économique et les bénéfices des sociétés, surtout si on les considère ensemble et non isolément.
Droits de douane
Prenons l’exemple des droits de douane. Les investisseurs sur les marchés des actions sont sur le qui-vive, mais ne cèdent pas à la panique, probablement parce que la plupart des menaces ne se sont pas encore concrétisées, si bien que beaucoup se demandent si elles deviendront réalité un jour. Il reste à voir combien de temps durera ce jeu du chat et de la souris, mais si l’administration américaine mettait ses menaces à exécution, rares sont ceux qui doutent de l’impact que les droits de douane sur les produits importés aux États-Unis auront sur les économies visées.
D’une part, les droits de douane américains feraient grimper les prix des produits importés, entraînant une hausse de l’inflation globale aux États-Unis et réduisant les perspectives de nouvelles baisses de taux. D’autre part, la demande de produits que les pays touchés exportent vers les États-Unis pourrait fléchir, ce qui se traduirait par un ralentissement de leur croissance économique et par une baisse des bénéfices des sociétés. Pire encore, ces pays pourraient prendre des mesures de rétorsion tarifaire, qui transposeraient ces effets et amplifieraient leurs répercussions éventuelles.
Cela dit, l’idée que tous les droits de douane ont des effets défavorables ne fait pas consensus. En fait, l’imposition de droits de douane réciproques (c’est-à-dire l’imposition par les États-Unis de droits de douane équivalents à ceux imposés par d’autres pays sur les produits américains) pourrait être bénéfique pour toutes les parties. « Les droits de douane réciproques ne sont pas nécessairement préjudiciables, car les pays touchés pourraient décider de réduire leurs droits de douane, soutiennent des chercheurs de Citigroup dans une note récente. « Si tel était le cas, le commerce mondial pourrait augmenter au lieu de diminuer. »
Production d’énergie
Même si des droits de douane sont imposés de manière généralisée, il est important de souligner que leur effet sur la conjoncture économique mondiale pourrait être influencé par d’autres politiques. Ainsi, le projet de l’administration américaine d’accroître la production de pétrole et de gaz pourrait faire baisser les prix de l’énergie et, par conséquent, compenser la hausse du coût de la vie qu’engendreraient les droits de douane (même si l’énergie n’entre pas dans le calcul officiel du taux d’inflation de base d’un pays).
De même, si l’administration américaine finissait par négocier un accord pour mettre fin à la guerre en Ukraine, il en résulterait vraisemblablement une levée des sanctions sur le pétrole russe et, dans la foulée, une augmentation de l’offre mondiale et peut-être même une baisse des prix du pétrole.
Il est vrai qu’on ne sait pas quelle serait l’ampleur de ces baisses de prix. La production de pétrole brut de la Russie n’a diminué que légèrement à la suite des sanctions occidentales, en grande partie parce qu’elle a été réacheminée vers d’autres acheteurs, qui continuent toujours d’acheter du pétrole russe.
Dépenses publiques
La mise en œuvre à ce jour de la politique budgétaire de l’administration américaine et sa décision de réduire considérablement les dépenses publiques au nom de l’efficacité, tout en laissant entrevoir des baisses d’impôts qui pourraient aller au-delà de la prolongation de celles décrétées par le président Trump lors de son premier mandat, ne font qu’accroître l’incertitude.
En effet, nombreux sont ceux qui pensent que la paralysie des organismes fédéraux et la réduction radicale de la fonction publique pourraient également compenser l’augmentation des droits de douane américains, car ces mesures entraîneraient une baisse de l’inflation et des taux d’intérêt à mesure que se résorberait le déficit des États-Unis.
Si cela devait se produire, il est toutefois possible que l’effet ne soit pas aussi important que ce que certains prévoient. Après tout, des réductions de quelques centaines de milliards de dollars ne suffiront pas à réduire le déficit en deçà de 1 000 milliards de dollars américains ni l’énorme dette des États-Unis qui s’élève actuellement à 36 000 milliards de dollars américains.
Les baisses d’impôts correspondantes n’atténueront-elles pas l’incidence des compressions budgétaires, les rendant moins déflationnistes qu’elles ne le seraient autrement? Et que se passera-t-il si ces compressions entraînaient une augmentation appréciable du chômage, que les gouvernements sont généralement censés limiter et non créer activement? Bien sûr, cela pourrait faire pencher la balance du côté de la déflation et des baisses de taux, mais dans quelle mesure la croissance économique américaine et, par extension, l’économie mondiale en feront-elles les frais?
De toute évidence, le programme de l’administration américaine, qui évolue constamment, soulève plus de questions qu’il ne donne de réponses. Les investisseurs se voient donc de plus en plus contraints d’examiner les effets négatifs que ce programme pourrait avoir sur l’économie et les marchés financiers à l’échelle mondiale.
Cette dynamique explique sans doute pourquoi l’indice S&P 500 et l’indice composé S&P/TSX ont fortement progressé au début de l’année, mais fléchi depuis l’investiture. En outre, il y a fort à parier que cette tendance s’amplifiera à l’approche de la fin du premier trimestre. Cette période est souvent difficile sur les marchés financiers, mais, cette année, elle coïncide avec une paralysie imminente du gouvernement américain et une intensification des discussions sur les droits de douane entre les États-Unis et leurs voisins, le Canada et le Mexique.
Voilà avec quoi les investisseurs doivent composer en ce moment. Malgré toutes les certitudes qu’apportent la solide croissance des bénéfices au dernier trimestre et la résilience de l’économie, les marchés risquent d’avoir du mal à poursuivre leur progression à cause de l’incertitude persistante qui plane sur la présente conjoncture.
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