
L’optimisme, très présent dans les prévisions
Auteur :
Le 13 mai 2019
Les marchés boursiers se sont encore une fois redressés ce printemps pour atteindre de nouveaux records, mais les deux principales hypothèses responsables de cette ascension – la signature d’un accord entre les États-Unis et la Chine et un répit, voire une réduction, dans la hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) – sont loin d’être concrétisées et tout pourrait ne pas se dérouler comme prévu.
Citons notamment le revirement qui a eu lieu dans les négociations commerciales entre les deux premières économies mondiales. Pendant des semaines, les investisseurs ont agi comme si la signature imminente d’un accord entre les États-Unis et la Chine était acquise – à quelques détails près. Pourtant, ce n’est plus le cas et les tensions ont encore une fois redoublé, les États-Unis augmentant les droits de douane sur les importations chinoises et la Chine menaçant de riposter.
Même s’il ne s’agissait que de la dernière tactique de bras de fer dans cette affaire interminable, elle a ébranlé les investisseurs, ce qui, ce mois-ci, a entraîné une recrudescence de la volatilité boursière difficile à ignorer. Et même si un accord est finalement signé – ce qui est le scénario le plus probable –, le risque que les tensions s’aggravent et entraînent un regain d’incertitude dans les jours et les semaines à venir est bien réel.
« Et même si un accord est finalement signé – ce qui est le scénario le plus probable –, le risque que les tensions s’aggravent et entraînent un regain d’incertitude dans les jours et les semaines à venir est bien réel. »
Par contre, ce sont surtout les prochaines mesures de la Fed qui détermineront si cette incertitude sera suffisante pour renverser la récente reprise. Selon les dernières données, tout le monde s’accorde pour dire que la banque centrale des États-Unis n’augmentera pas les taux cette année, les probabilités d’une réduction des taux étant encore supérieures à 50 %. Cela, en dépit des derniers commentaires du président de la Fed, Jerome Powell, qui indiquaient qu’à l’heure actuelle, rien ne justifiait une baisse ou une hausse des taux.
Alors, qui a raison? La possibilité d’une baisse des taux pourrait s’expliquer par le fait que les réserves de la banque centrale ont diminué, ce qui pourrait entraîner un resserrement des conditions si rien n’est fait. Toutefois, les véritables points déterminants seront l’état de l’économie et le taux d’inflation. Pour le moment, les signes de faiblesse économique se sont estompés, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans étant inférieur de 75 points de base environ à celui de la fin de l’année dernière. Le contexte actuel pourrait suffire à stimuler les dépenses dans des secteurs comme l’immobilier, sans qu’il soit nécessaire de réduire les taux de nouveau.
Parallèlement, l’inflation pourrait jouer un rôle plus important que ce que les partisans d’une baisse veulent bien le croire. En effet, les niveaux des prix de base ont encore diminué par rapport au taux cible de 2 % d’inflation fixé par la Fed pour cette année, mais, par définition, cela n’inclut pas les prix des produits alimentaires et de l’essence, qui sont tous deux à la hausse.
Cette omission est en partie logique. Les prix du carburant peuvent être volatils et fluctuer fréquemment en fonction du prix du pétrole sous-jacent, mais l’augmentation des prix des produits alimentaires devrait durer. Le prix d’une tasse de café, par exemple, augmente en même temps que celui des grains de café, mais ne diminue pas quand celui des grains de café baisse.
De même, le prix du porc devrait augmenter en raison de l’épidémie de peste porcine africaine qui sévit en Chine et qui a obligé le pays à abattre un quart de son cheptel de 400 millions de porcs. Il est peu probable que les restaurants qui ont augmenté leurs prix pour cette raison les diminuent plus tard.
Outre cet argument, la Fed doit également prendre en compte les perspectives de croissance des salaires avant de décider de sa prochaine action. Une des plus grandes surprises de ce cycle économique a été l’absence évidente d’augmentation des salaires, en dépit des planchers record du taux de chômage qui durent depuis des mois. Une hausse des salaires pourrait, à terme, dissuader la Fed de réduire les taux, voire l’inciter à les augmenter.
Dans tous les cas, les investisseurs ne devraient rien tenir pour acquis. Les actions pourraient continuer d’augmenter, mais à ce stade du cycle de croissance des bénéfices, même la plus faible déviation par rapport aux attentes pourrait entraîner un repli.
Kevin McCreadie est chef de la direction et chef des investissements de La Société de Gestion AGF Limitée. Il collabore régulièrement à Perspectives AGF.
Au sujet de La Société de Gestion AGF Limitée
Fondée en 1957, La Société de Gestion AGF Limitée (AGF) est une société indépendante de gestion de placements diversifiés à l’échelle mondiale. AGF apporte de la discipline en offrant l’excellence en matière de gestion de placements par l’entremise de ses volets axés sur des activités fondamentales et quantitatives de même que sur des actifs non traditionnels et des avoirs de particuliers bien nantis, afin de procurer une expérience exceptionnelle à la clientèle. La gamme de solutions d’investissement d’AGF s’étend à l’échelle mondiale à une vaste clientèle, depuis les conseillers financiers jusqu’aux investisseurs particuliers et aux investisseurs institutionnels comprenant des caisses de retraite, des programmes d’entreprise, des fonds souverains, des fonds de dotation et des fondations.
Pour de plus amples renseignements, veuillez visiter AGF.com.
Ⓒ 2022 La Société de Gestion AGF Limitée. Tous droits réservés.