
Pourquoi la reprise du marché s’essouffle-t-elle?
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Le 10 juillet 2020
Les marchés boursiers se sont repliés en juin, après un rebond considérable pendant les deux mois qui ont suivi le creux atteint en mars. Kevin McCreadie, chef de la direction et chef des investissements d’AGF, fait le point sur l’origine de ce revers et sur les raisons pour lesquelles les gains futurs pourraient être plus difficiles à obtenir, faute de catalyseurs clairs.
Le redressement des marchés boursiers après le creux atteint en mars s’est interrompu, ces dernières semaines. Qu’est-ce qui freine les cours des actions dans leur remontée?
Plus la pandémie dure, plus les investisseurs risquent de perdre de leur optimisme. C’est le constat des dernières semaines, alors que de nouveaux cas de coronavirus sont apparus aux États-Unis et que des États comme le Texas ont retardé le relancement de leur économie. Imaginez le moral des consommateurs face à la nouvelle fermeture des restaurants et des bars et imaginez l’état d’esprit de ceux qui y travaillent et qui se retrouvent une nouvelle fois au chômage forcé. Après un confinement aussi long, il y a quoi être découragé, même si nous ne sommes pas directement concernés, et c’est la raison pour laquelle les marchés sont actuellement en berne. En plus, les gens semblent s’être lassés des efforts visant à combattre la propagation du virus par la distanciation sociale et d’autres mesures. La jeune génération, plus particulièrement, s’expose de plus en plus aux dangers, mais comme la maladie les affecte moins que les personnes âgées, ils semblent peut-être plus enclins à prendre le risque, si cela signifie de ne pas renoncer à l’illusion de liberté. Peut-être ont-ils raison, mais l’incertitude quant à l’évolution de la pandémie reste déstabilisante pour les marchés. Nous pensons qu’il en faudrait beaucoup pour que les états ou les provinces viennent à se confiner de nouveau, mais la peur qu’une telle situation se produise continuera de planer sur les marchés si le virus poursuit sa résurgence.
Certains catalyseurs à court terme sont-ils susceptibles de relancer la reprise des marchés?
Il y a peu de raisons de penser que les actions connaîtront une nouvelle envolée si le nombre de nouveaux cas continue de croître aux États-Unis. Toutefois, cela ne signifie pas qu’elles ne remonteront pas d’ici quelques mois. Au contraire, c’est le scénario que nous prévoyons pour le second semestre de l’année, mais les accès de volatilité rendront la tâche compliquée, et ce, jusqu’à ce que la pandémie soit maîtrisée. La saison des bénéfices du deuxième trimestre débute dans une semaine et elle pourrait bien ne pas servir d’élément catalyseur, notamment parce que ce trimestre a coïncidé avec l’arrêt de l’économie. Rappelons que si les marchés ont commencé à atteindre de nouveaux sommets à la fin du mois de mars, les États-Unis n’ont entamé la réouverture de leur économie qu’en mai. Bien entendu, les marchés ont sûrement intégré cet événement, mais il est peu probable qu’il y ait suffisamment de déclarations positives de bénéfices pour insuffler un regain d’énergie important aux marchés, surtout si les résultats s’avèrent décevants par rapport aux prévisions, étant donné le revers essuyé dernièrement, lors de la réouverture de l’économie américaine. Autre point négatif : la Réserve fédérale américaine (Fed) a récemment demandé aux grandes banques du pays de suspendre leurs rachats d’actions et de plafonner les versements de dividendes aux niveaux actuels pour le troisième trimestre. Même si les cours boursiers de nombreuses banques ont durement pâti de cette annonce, la Fed a fait remarquer que le calcul des dividendes devrait se faire selon une formule tenant compte de leurs derniers bénéfices, ce qui pourrait avoir d’autres retombées à plus long terme.
Que penser des mesures supplémentaires de relance monétaire et budgétaire? Cet effort ne pourrait-il pas compenser les obstacles mentionnés?
Il est vrai que les marchés réagiraient positivement à un programme de relance supplémentaire, mais les annonces récemment faites à ce sujet ne permettent pas d’établir clairement un calendrier. Les gouvernements de partout dans le monde ont dépensé des sommes considérables au cours des derniers mois; il ne serait donc pas étonnant de les voir hésiter à adopter de nouvelles mesures. Prenons l’exemple du Canada : l’agence de notation Fitch a récemment revu à la baisse la cote de crédit souveraine du pays, la faisant passer de AAA à AA+. Cela signifie que le taux d’endettement du pays par rapport à son PIB passera d’un peu plus de 88 % en 2019 à 115 % cette année. Cette dégradation paraît peut-être dérisoire à l’échelle mondiale, dans la mesure où tous les gouvernements sont confrontés à des difficultés semblables, mais les prévisions relatives au déficit du gouvernement fédéral canadien ont été encore revues à la hausse depuis lors, puisqu’il semble qu’il faudra débourser davantage d’argent pour soutenir l’économie. Parallèlement, aux États-Unis, l’élection présidentielle pourrait déterminer grandement la rapidité avec laquelle le gouvernement américain déploiera sa prochaine enveloppe de relance budgétaire. En effet, les Démocrates tiennent le président Donald Trump en joue et pourraient donc être peu enclins à travailler avec les Républicains à l’élaboration d’un plan amiable. Après tout, une économie affaiblie limiterait les chances de réélection M. Trump plus qu’elle ne désavantagerait le candidat Joe Biden. En d’autres termes, les raisons de stimuler l’économie pourraient avoir perdu un peu de l’importance qu’elles revêtaient au début de la pandémie, ou tout du moins la nécessité d’une telle mesure ne s’est pas encore imposée comme une évidence, et les deux partis restent largement en désaccord sur l’ampleur et la composition du prochain plan.
Kevin McCreadie est chef de la direction et chef des investissements à La Société de Gestion AGF Limitée. Il contribue régulièrement à Perspectives AGF.
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