
Redémarrer l’économie : une opération délicate ou prématurée?
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Le 30 avril 2020
Les gouvernements du monde entier commencent à rouvrir leurs économies, après avoir suspendu les activités en raison de la pandémie de COVID-19. Le chef de la direction et chef des investissements d’AGF traite des répercussions de la relance de l’économie sur le marché ainsi que des conséquences pour les investisseurs d’une deuxième vague possible du coronavirus.
Il y a maintenant plus de deux mois que nous sommes en marché baissier et que les actions ont chuté. Et cela fait plus d’un mois que le marché se redresse depuis son creux. Qu’est-ce qui ressort le plus de cette expérience à ce jour pour vous?
La vitesse à laquelle les marchés ont réagi a été incroyable. Si vous vous souvenez, au tout début de la pandémie de COVID-19 en Chine, le niveau de complaisance était élevé. Je me rappelle avoir dit à Greg Valliere (stratège politique et spécialiste des États-Unis à AGF), probablement pendant la première semaine de février, que les gens ne prenaient pas la situation suffisamment au sérieux. Puis, après un bref soubresaut, les marchés ont atteint des sommets records. C’est seulement lorsqu’il est devenu évident que le virus ne serait pas contenu, que la panique s’est installée. De toute ma vie, je n’ai jamais vu les marchés chuter autant en si peu de temps, ni se redresser aussi rapidement qu’ils l’ont fait ces dernières semaines. Bien sûr, la réaction opportune des gouvernements et des banques centrales à l’échelle mondiale de même que l’ampleur de l’aide qu’ils ont apportée y sont pour beaucoup. Je ne crois pas que les marchés seraient aux niveaux actuels sans ce soutien.
Maintenant que des signes d’atténuation de la pandémie se manifestent dans certaines régions du monde, les investisseurs tournent leur attention vers le redémarrage de l’économie mondiale. Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés?
Jusqu’à présent, les marchés se concentraient surtout sur les données relatives à la pandémie et les mesures importantes de relance annoncées pour tenter de limiter l’impact sur l’économie. Elles demeureront des pierres angulaires pour les investisseurs dans les semaines à venir; cependant, la direction que prendront les marchés dépendra probablement des efforts déployés pour relancer les économies dans le monde entier – et si ceux-ci se déroulent sans trop de heurts. À cette fin, la Chine a déjà repris ses activités à un niveau estimé entre 80 et 90 % de sa capacité économique depuis la reprise de la production fin mars, mais les États-Unis et certains autres pays développés comme l’Italie et le Canada commencent à peine à rouvrir des pans de leur économie et, dans de nombreux cas, nul ne sait combien de temps il faudra à ces économies pour tourner de nouveau à plein régime ni ce que cela signifiera, car la pandémie a marqué nos habitudes de consommation. D’une certaine manière, le marché est en avance sur lui-même. Fermer des entreprises et des villes entières est comparable à actionner un interrupteur. Mais un redémarrage sera un processus lent, progressif et, à bien des égards, plus difficile.
Comment le redémarrage influera-t-il sur les données économiques dans les prochaines semaines?
Nous avons déjà parlé des terribles prévisions de la croissance du PIB pour le deuxième trimestre, et même si le redémarrage se fait sans heurts, ces chiffres resteront déplorables. Trop de dégâts ont déjà été faits et il est inévitable que nous terminions ce trimestre en profonde récession. Cela dit, au cours des prochaines semaines certaines données devraient donner des indications quant au ton du redémarrage, y compris des prévisions pour le troisième trimestre. Cette situation malmènera probablement les marchés. Si certaines données font état d’autres signes de reprise, alors les actions devraient tirer leur épingle du jeu – et celles de certaines des sociétés avantagées par les mesures de confinement seront délaissées au profit de celles qui bénéficieront d’un scénario de retour au travail. Bien sûr, rien ne va plus si le redémarrage coïncide avec une résurgence de nouveaux cas du virus.
Et que se passe-t-il en cas de deuxième vague de la pandémie?
Une deuxième vague serait difficile pour les marchés, mais je ne suis pas convaincu qu’elle entraînerait un autre effondrement du marché, à moins que le nombre de nouveaux cas ne devienne suffisamment important pour faire dérailler la reprise économique pendant une période prolongée. Même dans ce cas, les sociétés composant un indice susceptible de reculer à nouveau à son plus bas niveau n’emboîteront pas toutes le pas. Il est également important de reconnaître tout ce que nous avons appris pendant cette première vague du virus et cela devrait nous aider à faire face plus efficacement à une deuxième vague si, et quand, elle se produit. Il s’agit évidemment d’un grand risque et de la raison pour laquelle il y a tant de débats sur la réouverture de l’économie. Les gouvernements ont la responsabilité de protéger dans la mesure du possible les gens contre le virus, mais ils doivent également tenir compte des dommages économiques et psychologiques infligés à la société par les fermetures. Cette situation très difficile créera de la volatilité, car les données sur le virus sont examinées à la loupe pour détecter les signes d’une nouvelle épidémie. Parallèlement, de bonnes nouvelles relatives à des traitements potentiels ou à des vaccins prometteurs peuvent faire grimper les cours boursiers, car ces annonces suscitent l’espoir d’un retour plus rapide à la normale.
Sur une note plus personnelle, qu’est-ce qui vous manque le plus alors que vous ne pouvez plus vivre votre vie aussi librement qu’il y a à peine quelques semaines?
Ma famille d’abord et avant tout. Elle est aux États-Unis tout ce temps, alors que je suis ici à Toronto à cause des restrictions de voyage. Cette situation est difficile, alors ce sera un énorme soulagement quand nous pourrons nous revoir. Sinon, il sera agréable de faire de l’exercice de façon adéquate et de se sentir à nouveau en bonne santé.
Kevin McCreadie est chef de l’exploitation et chef des investissements à La Société de Gestion AGF Limitée. Il contribue régulièrement à Perspectives AGF.
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