
Un vaccin et d’autres catalyseurs du marché
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Le 29 mai 2020
Voilà maintenant 100 jours que les marchés boursiers ont atteint des sommets records avant de plonger en territoire baissier au début du printemps. Le chef de la direction et chef des investissements d’AGF nous livre ses réflexions sur les hauts et les bas éprouvés dans les semaines qui ont suivi et sur ce qu’il faudrait faire pour que la récente reprise du marché se poursuive.
Les prix des actions continuent d’augmenter à mesure que les économies rouvrent dans le monde entier. Est-ce que cette reprise est durable?
Ce qui s’est passé sur les marchés depuis la fin février est vraiment remarquable. La rapidité ainsi que l’ampleur du repli initial tout comme de la reprise depuis le creux sont sans précédent pour moi. L’indice S&P 500 a grimpé de plus de 30 % sans trop d’encombres depuis la fin mars, à part quelques mauvaises journées ici et là. Toutefois, la prochaine étape des marchés en vue d’atteindre leurs sommets enregistrés plus tôt cette année comportera peut-être des obstacles. Bien entendu, l’évolution de la situation dépendra beaucoup de la reprise de l’économie mondiale et de la possibilité de la poursuivre sans revers majeur. Si vous y réfléchissez bien, le véritable événement de type cygne noir n’a peut-être pas été la pandémie, mais plutôt la « fermeture » économique qui en a résulté. Je ne suis pas sûr que quelqu’un l’ait vu venir, donc la relance de l’économie sera primordiale pour que le marché continue de se redresser. Même dans ce cas, il n’est probablement pas raisonnable de penser que tout se déroulera désormais sans heurts. À un moment donné, la fatigue s’installe lors d’une crise de telle ampleur; il ne serait pas étonnant que les marchés fassent du sur place pendant un certain temps, car les investisseurs attendent des preuves que le redémarrage s’installe et guettent les nouvelles concernant un vaccin ou un traitement contre le virus.
Est-ce que le marché pourrait reculer de nouveau de manière substantielle?
Un retour aux niveaux planchers de mars peut ne pas être aussi préoccupant, mais il est toujours possible que les actions chutent de 10 % ou plus par rapport aux niveaux actuels si l’économie reçoit une mauvaise nouvelle. À ce stade-ci de la crise, les incidents qui entraînent des pertes (left tail) sont susceptibles d’avoir plus d’impact sur les marchés que les événements positifs (right tail) qui contribuent à faire monter les marchés. C’est ce qui tend à se produire après une reprise aussi forte des marchés en peu de temps. Les bonnes nouvelles ne font pas autant pencher la balance que les mauvaises. En d’autres termes, si le nombre de nouveaux cas liés au virus continue de diminuer, si davantage de personnes retournent au travail et si l’économie se redresse plus rapidement que prévu, les gains du marché seront probablement atténués et plus modérés que la reprise qui a eu lieu jusqu’à présent après le creux du mois de mars. Mais si le redémarrage commence à s’essouffler ou s’il y a une deuxième vague de la pandémie, prenez garde. Les pertes pourraient s’accumuler rapidement, et les marchés, fléchir à des niveaux semblables à ceux connus en mars.
Comment la course au développement d’un vaccin influe-t-elle sur les marchés?
La réussite du redémarrage économique dépend de plusieurs facteurs, y compris de notre diligence constante à maintenir la distance sociale et, s’il y a lieu, des protocoles de confinement, alors que les pays continuent de rouvrir leurs économies. Mais le marché se concentrera de plus en plus sur les perspectives d’approbation d’un vaccin ou d’un traitement pharmacologique au cours des prochains mois. Un vaccin agirait évidemment comme un puissant catalyseur qui pourrait mettre fin à cette crise une fois pour toutes, et les marchés réagissent déjà aux nouvelles relatives à certains des essais cliniques en cours. Mais la possibilité qu’un vaccin soit approuvé et disponible avant la fin de l’année reste faible. Même si des efforts comme l’opération « Warp Speed » (vitesse grand V) aux États-Unis sont louables pour tenter d’accélérer le processus, il faut normalement plusieurs années pour mettre un vaccin sur le marché et, dans le présent cas, la plupart des experts pensent que nous devrons attendre l’année prochaine au plus tôt pour qu’un vaccin soit prêt aux fins d’inoculation en masse. Cela dit, l’approbation d’un traitement qui peut aider les gens à atténuer les symptômes du virus, mais non à le guérir, pourrait être plus proche. Et même si cela ne stimulait pas le marché autant qu’un vaccin pur et simple, l’assurance que certaines des complications graves du virus peuvent être prises en charge servirait certainement de catalyseur.
Y a-t-il d’autres occasions ou risques que les investisseurs doivent également surveiller?
Quand une crise comme celle-ci frappe, nous pouvons avoir l’impression d’être dans une bulle et que tout ce qui compte, c’est le problème en question. Les autres occasions et risques associés au marché semblent tout simplement disparaître. Mais lorsque les choses commencent à se normaliser, ces autres occasions et risques commencent à ressortir et à s’affirmer comme des facteurs déterminants quant à la prochaine direction prise par les marchés. Je crois que nous sommes parvenus à un point où la pandémie n’est plus le seul événement susceptible de faire bouger les marchés. Prenez la flambée des tensions entre les États-Unis et la Chine. Oui, elle est liée à la pandémie, mais elle repose sur un antagonisme profond entre les deux pays qui couve depuis des années et menace de redevenir un risque distinct en soi – surtout si cela conduit à un nouveau cycle de négociations commerciales prolongées. En fait, au cours des deux dernières semaines, quelques séances de négociation ont déjà subi les effets des relations entre les États-Unis et la Chine. Nous devons aussi penser aux élections américaines. Là encore, le sujet a été relégué au second plan en raison de la pandémie, mais à mesure que la date des élections se rapproche, il deviendra forcément un point de mire pour les investisseurs.
Kevin McCreadie est chef de la direction et chef des investissements à La Société de Gestion AGF Limitée. Il contribue régulièrement à Perspectives AGF.
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