
Une reprise au bord de l’essoufflement
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Le 30 juillet 2019
Après le récent passage du taux de rendement des bons du Trésor américain à 10 ans sous la barre des 2 %, la reprise spectaculaire des obligations d’État pourrait fléchir, voire s’épuiser durablement, et ce, même si la Réserve fédérale américaine (Fed) entame un nouveau cycle d’assouplissement.
En effet, depuis le début du mois de novembre, le taux à 10 ans a chuté d’environ 125 points de base, après avoir atteint un sommet à 3,25 %. Les bons du Trésor américain ont ainsi enregistré un rendement global de près de 13 %. Cette remontée, l’une des plus vigoureuses des dernières années, souligne clairement l’incertitude croissante du marché vis-à-vis de l’état de l’économie mondiale, ainsi que le virage opéré l’année dernière par la Fed vers une politique plus clémente, qui amène aujourd’hui les investisseurs à croire que plusieurs baisses des taux d’intérêt auront lieu d’ici la fin de 2019.
Étant donné la chute abrupte des taux de rendement, il fait peu de doute que le marché baissier des obligations, qui a débuté en 2016, est désormais révolu. Toutefois, cette situation ne suffit pas à déterminer dans quelle mesure les cours reflètent déjà la conjoncture macroéconomique, ni dans quelle direction les taux de rendement des obligations évolueront.
Sur le plan historique, lorsque les bons du Trésor américain reprennent après un marché baissier cyclique, on observe habituellement deux étapes : après une première baisse des taux de rendement, s’ensuit une période de consolidation d’environ quatre ou cinq mois qui se traduit, en moyenne, par un gain de plus de 100 points de base, avant qu’un deuxième déclin ait lieu. Ce modèle s’est répété à plusieurs reprises au cours des 30 dernières années, y compris récemment, entre 2013 et 2016, lorsque le taux de rendement des bons à 10 ans est tombé à un plancher record.
Bons du Trésor américain : une reprise par vagues (1989-2016)

Les fluctuations des taux de rendement pendant les cycles précédents coïncident également avec des sentiments extrêmes sur les marchés. Par exemple, le pessimisme excessif observé à l’égard des bons du Trésor en 2013 a été annonciateur d’une chute des taux durant l’année 2014. Un optimisme marqué a alors bourgeonné et a précédé une hausse des taux, à la suite de quoi un lourd pessimisme s’est de nouveau abattu, accompagné d’une nouvelle baisse des taux, qui a pris fin en 2016.
Sentiment à l’égard des obligations : des niveaux de confiance en dents de scie (2006-2019)

Un modèle similaire a été à l’œuvre, tout dernièrement : l’optimisme vis-à-vis des bons du Trésor américain a de nouveau atteint un niveau extrême, après une période fortement morose à l’automne La situation actuelle laisserait envisager une pause prolongée de plusieurs mois dans la reprise des bons du Trésor américain, et ce, même si la Fed décide de lancer une nouvelle salve de réductions de son taux de financement à un jour. En fait, si les taux de rendement ont décliné avant chaque première réduction des taux de la Fed depuis 1989, ils sont souvent repartis à la hausse après coup, pour atteindre des niveaux plus élevés 12 mois plus tard, en moyenne.
Les taux de rendement avant et après les premières réductions des taux d’intérêt (1989-2007)
Date de la réduction | Taux de rendement (%) | Variation (pdb) 252 jours avant | Variation (pdb) 189 jours avant | Variation (pdb) 126 jours avant | Variation (pdb) 63 jours avant | Variation (pdb) 63 jours après | Variation (pdb) 126 jours après | Variation (pdb) 189 jours après | Variation (pdb) 252 jours après |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
6/6/89 | 8,36 | -66 | -63 | -77 | -90 | -17 | -54 | 23 | 11 |
7/6/95 | 6,05 | -125 | -172 | -183 | -107 | 7 | -40 | 22 | 73 |
9/29/98 | 4,59 | -151 | -117 | -108 | -85 | 12 | 66 | 122 | 138 |
1/3/01 | 5,14 | -135 | -76 | -85 | -73 | -20 | 30 | -52 | -4 |
9/18/07 | 4,50 | -30 | -10 | -6 | -59 | -30 | -112 | -34 | -109 |
Moyenne | 5,73 | -101 | -88 | -92 | - 83 | -10 | -22 | 16 | 22 |
En fin de compte, nous pensons que les taux de rendement baisseront davantage, plus particulièrement si l’économie américaine continue de s’affaiblir et tombe en récession. Toutefois, les investisseurs devraient s’attendre pour l’heure à une pause prolongée du marché haussier cyclique.
David Stonehouse est vice-président principal et chef des investissements nord-américains et spécialisés à Placements AGF Inc.
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