L’année de l’amorce d’un marché haussier? L’incidence de la réouverture de la Chine sur les marchés émergents en 2023
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Le 8 février 2023
Dans un article publié en juillet dernier au sujet de la Chine, nous prévoyions que Pékin ramènerait sa politique rigoureuse de zéro COVID-19 à une politique « dynamique » de zéro COVID-19, créant une voie méthodique et prudente vers une réouverture complète de l’économie au premier trimestre de 2023. Cette prédiction était toutefois erronée, ou du moins à moitié erronée : pendant le reste de l’été et jusqu’à l’automne, les autorités chinoises ont redoublé d’ardeur pour mettre en œuvre des mesures de zéro COVID-19, ce qui n’a rien de « dynamique ». Elles ont également imposé des confinements dans les villes dès qu’une éclosions se produisait.
Or, tout à coup, tout a changé. À la fin de novembre, des citoyens chinois ont participé à des manifestations pour protester contre les mesures draconiennes de Pékin; certains ont même pris le risque extraordinaire de demander la démission du président Xi Jinping. Le mécontentement exprimé par les soi-disant « manifestants brandissant des feuilles de papier blanc » était si généralisé et si véhément que le gouvernement a été forcé de réagir. Le 7 décembre, le gouvernement avait commencé à assouplir les restrictions relatives à la COVID-19; le 8 janvier, il les avait entièrement levées. L’article de juillet s’est avéré à moitié exact : la Chine a rouvert son économie au premier trimestre de 2023, mais d’une façon complètement différente de que ce nous avions prévu.
De toute évidence, la prévision des tendances géopolitiques n’est pas une science exacte, surtout en ce qui a trait à la Chine – le récent abattement d’un ballon-espion suspect au-dessus des États-Unis en est un bon exemple. Or, personne ne peut remettre en question l’évidence du revirement de la politique chinoise sur la COVID-19. La réouverture soudaine, alors que les taux de vaccination demeurent faibles, a entraîné une flambée chaotique d’infections et de décès, ce qui a ralenti l’économie et créé des mécontentements publics. Par ailleurs, la réaction des marchés financiers a été beaucoup plus vigoureuse. Au cours des dix premiers mois de 2022, l’indice MSCI Chine a reculé de plus de 40 %, mais a rebondi de plus de 50 % depuis le début de la réouverture, selon les données de Bloomberg. Si, comme les investisseurs s’y attendent apparemment, la Chine parvient à surmonter ses difficultés actuelles et à relancer son économie, cela aura une incidence positive importante non seulement sur la deuxième économie mondiale, mais aussi sur les marchés émergents en tant que catégorie d’actif. L’économie de la Chine est importante à ce point – et sa réouverture pourrait être très importante pour les investisseurs des marchés émergents.
L’une des raisons de l’optimisme est que la Chine n’a pas simplement fait marche arrière dans ses efforts pour contenir et contrôler la COVID-19, mais qu’elle s’est aussi ouverte à des politiques de façon plus générale. En décembre dernier, la Central Economic Work Conference du Parti communiste au pouvoir a annoncé des politiques plus favorables aux entreprises, selon Reuters. La répression réglementaire à l’égard des grandes sociétés technologiques, y compris la « correction » à l’encontre des sociétés Internet, a déjà diminué, et le gouvernement a indiqué qu’il soutiendrait davantage le secteur immobilier et répondrait à ses besoins de financement. Comme l’indique la récente guerre des mots entourant la saga du ballon-espion, les tensions géopolitiques demeurent un risque. Toutefois, certains signes montrent que la Chine souhaite éviter un conflit direct avec l’Occident. En bref, le changement de la politique de la Chine à l’égard de la COVID-19 semble s’inscrire dans le cadre d’une mesure plus large et pragmatique visant à s’éloigner de certaines de ses politiques les plus défavorables au marché des dernières années.
Sans doute, le facteur le plus important à surveiller est les dépenses de consommation. Les politiques très restrictives liées à la COVID-19 ont anéanti la consommation en Chine, ce qui a entraîné une augmentation massive de l’épargne des ménages, qui a grimpé de 2 600 milliards de renminbis l’an dernier seulement. Ces dépôts accumulés représentent jusqu’à 17 000 milliards de renminbis, soit environ 10 % du PIB, ce qui se traduirait par un pouvoir d’achat énorme si les consommateurs chinois décidaient de dépenser cet argent – et c’est la question à plus de mille milliards de dollars qui se pose. Si c’est cette situation qui se produit, la réouverture de la Chine devrait entraîner une forte demande refoulée, pour les voyages et les services, de la part des consommateurs qui ont été confinés durant la plus grande partie des trois dernières années. Par conséquent, la consommation devient le principal moteur de la croissance du PIB en 2023, qui devrait s’établir à 5,1 %, contre 3 % en 2022, selon Bloomberg. (Par comparaison, le PIB des États-Unis devrait s’établir à 1 % en 2023, selon J.P. Morgan.) Nous pourrions assister à une reprise économique plus vigoureuse en raison du changement de politique rapide de la Chine dès le deuxième trimestre.
Les effets de la réouverture soudaine de la Chine se feront toutefois sentir au-delà de ses frontières. Les difficultés des marchés émergents se transforment en facteurs favorables. N’oubliez pas que la Chine représente près de 34 % de l’indice MSCI Marchés émergents, et que la réouverture de son économie devrait entraîner d’autres économies vers une croissance plus élevée. Selon nous, après une stagnation de trois ans, les actions chinoises et les actions d’autres marchés émergents sont sous-détenues. La baisse des bénéfices des sociétés des marchés émergents est déjà amorcée et devrait se poursuivre au premier trimestre, tandis que les bénéfices dans le reste du monde sont encore trop élevés (ils ne peuvent que baisser). Le dollar américain a déjà commencé à se déprécier et se dépréciera encore plus, lorsque la Réserve fédérale américaine commencera à réduire les taux d’intérêt en 2024, comme beaucoup s’y attendent. Les actions des marchés émergents ont tendance à très bien se comporter lorsque le dollar américain est faible.
Quels pays pourraient en profiter le plus? Ceux qui ont de solides liens d’exportation vers la Chine – notamment Taïwan, la Corée du Sud et les pays de l’Asie du Sud-Est. De plus, les producteurs de produits de base devraient bénéficier de la demande accrue de la Chine et de l’affaiblissement du dollar américain. L’Inde, qui a été un refuge pour les investisseurs des marchés émergents tout au long de 2022, pourrait devenir une source de liquidités pour financer l’expansion de la Chine.
En somme, la Chine occupe une position prédominante sur les marchés émergents, au point que si elle enregistre un rendement supérieur, les marchés émergents en feront autant. Avec sa volte-face quant à la COVID-19 et à d’autres politiques, la deuxième économie en importance dans le monde prépare le terrain pour une reprise généralisée. Bien entendu, aucune prévision n’est garantie, mais on pourrait se souvenir de 2023 non seulement en raison de la réouverture de la Chine, mais aussi comme étant l’année marquant le début d’un nouveau marché haussier au sein des pays émergents.
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