Une rigidité inconfortable pour les investisseurs
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Le 5 octobre 2023
Pour le chef de la direction et chef des investissements d’AGF, une lutte prolongée contre l’inflation pourrait empêcher les banques centrales de réduire les taux même si l’économie entre en récession.
Êtes-vous surpris que l’inflation ait recommencé à augmenter dans des pays comme les États-Unis et le Canada?
Ces douze derniers mois, nous avons toujours affirmé qu’il serait facile pour les banques centrales de ramener l’inflation de son sommet de l’an dernier à son niveau actuel, mais aussi qu’il serait beaucoup plus difficile pour elles de la faire baisser davantage sans provoquer de la volatilité.
Cette rigidité à la baisse, qui a abouti à la récente hausse de l’inflation, s’explique par plusieurs facteurs, parmi lesquels « l’effet de base », qui découle de la comparaison des prix de certains biens et services aujourd’hui avec les niveaux auxquels ils se trouvaient il y a un an. Les prix des carburants, par exemple, sont plus élevés qu’à la même période l’an dernier, car les cours du pétrole ont récemment rebondi après l’annonce de l’OPEP d’une réduction de sa production. Il existe également d’autres facteurs : les prix alimentaires demeurent élevés et les salaires continuent de croître à un rythme qui pourrait faire grimper le taux d’inflation global au cours des prochains mois, quoique dans une moindre mesure. Il est très peu probable que les prix atteignent des sommets comparables à ceux de l’an dernier.
Quelles sont les répercussions sur le marché de cette rigidité à la baisse de l’inflation?
Elle va évidemment influencer la politique monétaire, ce qui pourrait avoir une incidence sur l’orientation des marchés financiers. Cela est particulièrement vrai maintenant que les banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine (Fed), ont déclaré que leurs décisions concernant les taux d’intérêt dépendraient des données. En d’autres termes, si l’inflation reste élevée à des niveaux proches de ceux que l’on connaît actuellement, et qu’elle ne tombe pas rapidement au taux cible de 2 %, la Fed pourrait être tentée par de nouvelles hausses de taux.
Mais ce n’est peut-être pas le risque le plus important. En fin de compte, un ou deux relèvements supplémentaires de 25 points de base restent mineurs par rapport à la hausse des taux d’intérêt déjà observée au cours du présent cycle. La principale préoccupation est qu’une lutte prolongée contre l’inflation pourrait dissuader la Fed de réduire les taux même si l’économie entre en récession. N’oublions pas que ce n’est pas le cas de figure habituel. Par le passé, les baisses de taux ont généralement été une réaction automatique à la récession, et il est difficile de savoir comment se comporteraient les marchés s’il en allait autrement cette fois-ci.
Les banques centrales ne sont-elles pas toujours tributaires des données?
Les banques centrales s’appuient toujours sur les données pour évaluer l’évolution de la situation économique par rapport aux attentes, mais elles limitent désormais leur recours au cadrage prospectif et choisissent de prendre leurs décisions de politique monétaire « réunion par réunion », dans une approche qui est entièrement influencée par les données les plus récentes.
Bien entendu, c’est une manière pour la Fed et ses homologues, comme la Banque centrale européenne (BCE), de se donner plus de souplesse pour agir face à des événements imprévus. Mais cela signifie aussi que les banques centrales peuvent être moins claires dans leurs communications destinées aux marchés. Les investisseurs cherchant à anticiper les décisions de politique monétaire, l’incertitude et la volatilité pourraient donc s’accroître.
Sur quelles données les banques centrales se concentrent-elles à chaque réunion?
Elles n’ont pas précisé quels indicateurs économiques ou de confiance elles surveillent le plus, mais les indicateurs d’inflation doivent figurer en tête de liste, probablement suivis des statistiques sur l’emploi. Aux États-Unis, celles-ci comprennent la publication mensuelle du taux de chômage national, ainsi que les demandes hebdomadaires de prestations d’assurance-chômage, les rapports sur les postes vacants et tout autre indicateur de la vigueur (ou de la faiblesse) du marché du travail qui semble pertinent. Par ailleurs, elles s’intéressent sans aucun doute aux ventes au détail et aux mesures de la confiance des consommateurs, ainsi qu’aux prix des produits de base, qui peuvent influer sur la vigueur de l’économie au fil du temps.
Bien entendu, bon nombre de ces statistiques sont rétrospectives, ce qui signifie qu’elles se sont déjà produites et qu’elles pourraient ne pas être représentatives de la situation réelle de l’économie au moment de leur publication. De plus, ces mêmes données font souvent l’objet de plusieurs révisions et peuvent ne pas être exploitables avant plusieurs mois.
Cela ne veut pas dire que les banques centrales ont tort de suivre cette nouvelle approche fondée sur les données, mais rien ne garantit qu’elles interpréteront correctement les renseignements reçus. Or, une mauvaise lecture des chiffres est susceptible d’aboutir à une politique monétaire erronée qui pourrait avoir des conséquences pour les investisseurs.
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